D’après les autorités, Albert Ojwang se serait blessé de manière accidentelle en se cognant la tête contre un mur de sa cellule. Il aurait été retrouvé inconscient lors d’une ronde de surveillance, puis transporté à l’hôpital, où son décès a été constaté. Mais cette version ne résiste pas à l’analyse médico-légale.
« La cause du décès est sans ambiguïté : il s’agit d’un traumatisme crânien associé à une compression du cou, ainsi que de multiples blessures corporelles, clairement provoquées par une force extérieure », a expliqué le docteur Bernard Midia, l’un des cinq médecins ayant participé à l’autopsie. Il précise que les blessures observées – notamment sur le cuir chevelu, le visage et l’arrière de la tête – sont incompatibles avec un simple choc contre un mur. Les signes relevés sur le corps évoquent une agression brutale et une possible tentative de lutte.
Réagissant aux conclusions des médecins, Faith Odhiambo, présidente de l’Association kényane des représentants du droit, a dénoncé une tentative de dissimulation. « Ce que nous redoutions s’est confirmé : Albert Ojwang a été torturé et tué en détention. On a tenté de nous faire croire à un accident, mais les faits sont accablants. Nous exigeons que tous les responsables soient traduits en justice », a-t-elle déclaré, rejoignant ainsi les appels lancés par plusieurs organisations de la société civile.
L’arrestation d’Albert Ojwang, survenue dans le comté d’Homa Bay à la suite d’un message publié sur le réseau social X jugé offensant envers un haut gradé de la police, avait conduit à son transfert à Nairobi. C’est là qu’il a passé la nuit précédant sa mort.
Depuis la publication des résultats de l’autopsie, une vague d’indignation secoue les réseaux sociaux au Kenya. De nombreuses voix réclament des comptes et appellent à la démission d’Eliud Lagat, le numéro deux de la police, dont la plainte est à l’origine de l’arrestation.
À la sortie de la morgue, le père d’Albert, visiblement bouleversé, a lancé un cri de détresse : « Pourquoi avez-vous tué mon fils ? Que vous avait-il fait pour mériter ça ? Qu’est-ce qu’il vous a pris ? »
La police a annoncé la suspension des agents impliqués dans la garde d’Albert Ojwang, le temps de mener l’enquête. Elle dispose d’un délai de sept jours pour remettre ses conclusions.